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A la découverte de la culture Same

Catégorie Actus polaires
Date 14/08/2024
Auteur Chloé Dangeville
Maison et rennes dans la toundra. Élevage de rennes en Suède. Le peuple Sami de Suède
Les vastes étendues gelées du Nord de la Scandinavie abritent une culture ancestrale, celle des Same, également connue sous le nom de culture Sámi. En tant que peuple autochtone des régions arctiques, les Same ont prospéré en parfaite harmonie avec la nature, préservant leurs traditions face aux bouleversements du temps.

Histoire et identité des Same

Les Sámis, descendants des premiers habitants de l'Arctique, sont enracinés dans les régions septentrionales de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Russie. Leur histoire est un récit de résilience face à la colonisation, à la conversion forcée au christianisme et aux tentatives d'assimilation. Malgré ces défis, ils ont préservé leur culture, leur langue et leurs coutumes, guidés par leur profonde harmonie avec la nature.

Aujourd’hui, on compte entre 80 000 et 100 000 Sámis en Laponie. La majorité des Sámis vivent en Norvège (50 000 à 65 000 habitants). Le reste de la population se trouve en Suède (20 000 à 35 000 Sámis), en Finlande (8 000 Sámis) et en Russie (2 000 Sámis).
Femmes Sámis en habits traditionnels

Langue et artisanat Sáme

La langue Sáme comprend plusieurs dialectes, chacun associé à une région spécifique tout en partageant des similitudes fondamentales. La préservation de ces langues autochtones est cruciale pour préserver l'identité des Sámis. De plus, l'artisanat traditionnel occupe une place centrale dans la culture Sáme. Les vêtements ornés de broderies élaborées, les sculptures sur bois détaillées et les bijoux témoignent de la créativité et du savoir-faire artistique des Sámis. Chaque pièce d'artisanat raconte une histoire et reflète la relation profonde que les Sámis entretiennent avec leur environnement.
Vêtements ornés de broderies élaborées, sculptures sur bois détaillées et bijoux Sámis
Les samis étaient autrefois appelés « lapons », terme péjoratif résultant de la forme scandinave « lapp », signifiant « guenille/bout de chiffon » en raison de leurs tenues traditionnelles en peaux de bête. Militant contre ce terme péjoratif, le peuple délaissa cette appellation au profit du terme « sami » provenant de leurs terres ancestrales « Sápmi ». Cette évolution linguistique reflète un respect accru envers la culture et l'identité des Sámis. En comparaison, le terme "esquimaux", parfois utilisé pour désigner les Inuits au Groenland, est lui aussi péjoratif pour les communautés. Ces changements linguistiques soulignent l'importance de reconnaître et de respecter les termes que les communautés autochtones utilisent pour se décrire.

Un mode de vie traditionnel unique

Les premières communautés Sámis étaient axées sur la pêche et la chasse. En été, chaque famille avait des droits de pêche sur des sources d'eau spécifiques, respectés par les autres familles. L'automne était consacré à la chasse aux rennes, une ressource vitale. Les rennes étaient soit rassemblés dans des enclos, soit conduits dans des fosses, dont de nombreux vestiges subsistent dans le Finnmak, une ancienne région norvégienne située à l'extrême nord du pays.En hiver, les familles se regroupaient dans leur lieu de résidence, comme Goahtedievva (la colline des tentes) pour les familles de Kautokeino jusqu'en 1691. Les rennes étaient initialement apprivoisés pour le transport et la chasse aux rennes sauvages. Avec le temps, l'élevage est devenu prédominant, remplaçant la chasse et la pêche.Les dálon (peuple sâme résident) devaient tirer parti des ressources disponibles, récolter des cultures domestiques, des ressources sauvages comme les baies, et occuper des emplois à temps partiel et saisonniers. Les hommes se livraient à la menuiserie et à la coupe du bois, tandis que les femmes échangeaient des produits laitiers contre de l'argent pour leur foyer. La vente d'articles de filage et de tissage était également courante. En revanche, les boazosápmi (éleveurs de rennes sámes) menaient une vie mobile avec des besoins plus simples, dépendant principalement de l'élevage de rennes pour leur subsistance.

Aujourd'hui, les Sámis ont le droit de passage entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, ainsi qu'un libre droit de circuler en motoneige, sur piste et hors piste, pour suivre leur troupeau. De plus, ils bénéficient du droit de chasser certaines espèces comme l'ours et le lynx dans le cadre de la protection de leur troupeau.
Randonnée du Mont Saana, montagne sacrée pour les Sámis

Évolution de la culture Sámi

Les accords formels avec les États ont modifié les conditions culturelles, sociales et économiques en Sápmi (terre sáme). Les subventions et les accords agricoles ont assuré un revenu stable aux Sámis résidents, réduisant la nécessité d'exploiter les plaines non cultivées. L'agriculture est devenue une profession spécialisée. De même, un accord formel sur l'élevage de rennes a permis aux Sámis de bénéficier d'un revenu raisonnable. Les Sámis ont poursuivi leurs études, réduisant les disparités économiques tout en contribuant à des changements sociaux et culturels.

La sédentarisation du peuple sáme est largement due aux progrès techniques, notamment grâce aux outils de suivi télémétrique tels que les colliers GPS. Il n'est pas rare de voir des rennes équipés de ces colliers, ce qui permet un suivi plus précis et une gestion plus efficace des troupeaux. Cependant, cette sédentarisation a également entraîné une réduction des transhumances traditionnelles en raison des infrastructures humaines en expansion.

Richesse culturelle et spiritualité Sámi

La culture Sámi puise sa source dans une spiritualité profondément respectueuse de la nature. Les chants joik, des expressions vocales uniques, servent à communiquer avec les esprits de la nature, les ancêtres et les animaux. Chaque joik est une ode à un individu ou un lieu, capturant son essence avec mélodie et émotion. Les danses traditionnelles et les cérémonies rituelles célèbrent le lien intime entre les Sámis et leur environnement.

Notre sélection pour vous faire découvrir les chants joik :

Défis modernes et renaissance culturelle

L'ère moderne a apporté de nouveaux défis aux Sámis, mais aussi de nouvelles opportunités. Ils ont œuvré avec détermination pour revitaliser leur langue et leurs traditions tout en s'intégrant activement dans la société contemporaine. Les Parlements Sámis dans les pays nordiques (Norvège, Suède, Finlande et Russie) ont renforcé leur influence politique, préservant ainsi leur héritage.

Les Parlements Sámis jouent un rôle crucial dans la protection des droits et de l'identité des Sámis, ainsi que dans la gestion des terres et des ressources naturelles, la promotion de la participation politique et la résolution des conflits.
Parlement Same de Norvège à Kautokeino

Rencontre et exploration

Le tourisme culturel offre aux voyageurs une occasion unique de découvrir la vie Sámi de près. Des expériences authentiques incluent des safaris en traîneau à rennes, la dégustation de mets traditionnels et l'immersion dans l'art du joik. Ces expériences permettent aux voyageurs de saisir la profonde signification de la culture Sámi et son rôle crucial dans la région nordique.

Les Sámis incarnent une énigme culturelle fascinante, un modèle vivant d'adaptation harmonieuse à un environnement exigeant. Leur histoire, leurs coutumes et leur lutte pour la préservation de leur identité sont une source d'inspiration en termes de résilience et de persévérance. Plongez au cœur de la culture Sámi pour découvrir un monde où tradition et innovation, passé et présent se mêlent pour créer une mosaïque captivante de la vie nordique.

Si vous souhaitez vous immerger dans cette culture méconnue, nous vous conseillons de lire Le silence des tambours d'Hanna Pylväinen des Editions Paulsen.
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