Norvège: Le paradoxe du pétrole dans un pays qui se veut écologique

Soyons clairs, même si la Norvège est passionnante par son histoire et son folklore, c’est avant tout son patrimoine naturel qui attire plus d’1 millions de touristes chaque année.

Et ce patrimoine, le pays en est très fier. On compte pas moins de 41 parcs nationaux sur le territoire Norvégien. Le “Friluftsliv” est souvent invoqué pour décrire le mode de vie des Norvégiens. Cette notion philosophique désigne le fait de vivre simplement dans la nature sans la détruire ni la perturber. Le “Global Green Economy Index” (CGEI), un index se basant sur 18 indicateurs tels que la décarbonisation de la société, les investissements publics dans les énergies vertes ou encore la qualité de l’air a classé en 2022 la Norvège au 3ème rang mondial. L'État Norvégien semble donc lui aussi faire figure de bon élève.

La Norvège est surtout le paradis des pétroliers. 

Il y a un demi-siècle cette nation de pêcheurs et de fermiers était l’une des plus pauvres du continent. En 1969, sur le plateau continental Norvégien en mer du nord est découvert le gisement d’Ekofisk. La Norvège est alors propulsée au rang des pays les plus riches d’Europe avec 2,75% des réserves mondiales de pétrole.Pas moins de 14% du PIB repose sur cette manne d’hydrocarbure. 

Aujourd’hui, avec la gratuité des soins, de l’éducation et des allocations sociales conséquentes, la Norvège peut se targuer d’être le pays du bonheur. Mais ce solide “état providence” à été construit à coup de pétrodollars. 

L’incongruité écologique de la Norvège est un sujet fascinant. Il est assez amusant de constater que 99% de l'électricité norvégienne est d’origine renouvelable (hydroélectricité) et que les Norvégiens ne consomment donc pratiquement pas d’hydrocarbures. Certaines plateformes pétrolières sont même alimentées par des énergies renouvelables. 

Le cœur du paradoxe est là: La Norvège, exemplaire en son sein, contribue grandement au réchauffement climatique par ses exportations pétrolières (40% de ses exportations, .)

Heureusement pour elle, la Norvège est jugée sur l’émission de CO2 générée sur son territoire, et non sur l'impact qu'elle produit dans le monde. Certes, elle émet dix fois plus de carbone à l'étranger que chez elle, mais elle n'est pas sanctionnée dans les classements internationaux. Ce qui lui permet de se positionner au 15ème rang mondial des pays les plus vertueux écologiquement selon l’ONU.

Il faut toutefois noter que, contrairement à des pays comme le Venezuela ou le Nigeria, la Norvège a su transformer les bénéfices de l’exploitation pétrolière positivement. Comme l’explique Siv Jensen, ministre norvégienne des finances, le fond souverain de 900 milliards d’euros qu’elle s’est constitué a pour objectif le bien commun: “L'exploitation et la production du gaz et du pétrole découverts depuis 1969 au large de nos côtes, sur le plateau continental norvégien, génèrent une rente considérable qui doit bénéficier à la population tout entière.”

Dans les faits, ce fonds est censé investir dans des entreprises et des projets écologiquement et éthiquement responsable.

Il est la principale mesure mise en œuvre mise en place par le gouvernement pour préparer “l’après pétrole”.

Un “après-pétrole” que le gouvernement ne souhaite pas voir arriver trop tôt. L’été dernier, 19 nouveaux projets d’exploitation ont été autorisés. La raison invoquée étant la protection de la sécurité énergétique de l’Europe.

Certains défenseurs de l’industrie pétrolière norvégienne vante d’ailleurs le fait que si les parts de marché du pétrole Norvégien baissent, elles seront prises par l’ours Russe… qui n’est pas spécialement réputé pour faire preuve de sensibilité envers la problématique écologique.

Une chose est sûre, lorsque l’on évolue dans les grands espaces norvégiens, on est loin d’avoir la tête aux enjeux géopolitiques et aux cours du baril. Les paysages fantastiques qui nous entourent nous immergent dans une nature immense et éternelle, qui on l'espère, continuera de nous faire rêver dans le monde de "l'après pétrole."